
Conflits de l’oreille et de l’œil dans l’œuvre musicale
L’écoute intériorisée
La musique relève-t-elle ï de l’ordre du visible ? L’auditeur a-t-il besoin de ses deux faces, apparente et inapparente, pour comprendre pleinement l’œuvre ? Et par conséquent, de se faire aussi (et autant) spectateur, l’œil égalant l’oreille ?
Éditeur : Presses universitaires de Provence
1ére édition
Collection : 1…
Thème : Arts - esthétique
Auteur(s) : Guillot Matthieu
Langue : Français
Paru le 01/04/2021
Prix TTC : 7,00€
EAN : 9791032003053
ISBN : 979-10-320-0305-3
Dimensions : 110 x 180 mm.
Nombre de pages : 156
Pour comprendre pleinement l’œuvre musicale interprétée devant lui, l’auditeur a-t-il besoin de ses deux faces, apparente et inapparente ? Donc de se faire aussi (et autant) spectateur ? L’œuvre relève-t-elle (aussi) de l’ordre du visible ? Oui selon Stravinsky, imposant une vision traditionnelle soutenant l’écoute. Non selon Varèse, créateur radical de matière sonore inouïe. Mais bien que l’œuvre jouée s’offre comme phono-scopie – son et vision – elle s’épanouit surtout, in fine, comme intériorité, sous les auspices desquelles l’auditeur prend connaissance de la musique au plus intime.
Écouter la musique jouée devant soi va de pair avec le fait inévitable de porter son regard sur ses interprètes. Mais cette évidence, qu’impose la nature même de notre corps récepteur, et que rien a priori ne remettrait en cause, ne nous coupe-t-elle pas progressivement de l’essence profonde de la musique ? Celle-ci relève-t-elle (aussi) de l’ordre du visible ? L’auditeur a-t-il donc besoin de ses deux faces, apparente et inapparente, pour comprendre pleinement l’œuvre ? A-t-il besoin, par conséquent, de se faire aussi (et autant) spectateur ? Oui s’il faut en croire I. Stravinsky, compositeur obstiné pour qui la vision s’impose comme soutien de l’écoute. Non s’il faut en croire à l’opposé E. Varèse, créateur radical de matière sonore inouïe. Entre ces deux avis tranchés, il faut donc explorer et tracer une troisième voie vers l’intériorité de l’écoute. Il s’agit pour finir de savoir dans quelle mesure la musique ne relèverait pas de ce radical « bonheur d’aveugles » défendu par Ernst Bloch, philosophe et mélomane averti. Est analysée ici la nature de cette interdépendance, de cette interpénétration oreille/œil, de cette distorsion entre eux. In fine, leurs luttes d’influence montrent qu’en dépit de toute sa matérialité visible, la musique ne saurait se réduire à ce conflit sensoriel. Car elle s’épanouit surtout comme intériorité, intériorisation, sous les auspices desquelles l’auditeur prend connaissance de l’œuvre au plus intime, au plus haut point.