Penser le primitif et la sculpture. La revue Documents (1929-1931)
La revue Documents (1929-1931) a-t-elle encore une actualité ? Les sujets qu’elle aborde participent directement d’une histoire de l’anthropologie européenne qui ne cesse de s’interroger sur ses sources.
Éditeur : Presses universitaires de Vincennes
1ére édition
Collection : Esthétiques hors cadre
Thème : Arts - esthétique
Auteur(s) : Levaillant Françoise
Langue : Français
30 illustration(s) N&B
15 illustration(s) couleur
Paru le 03/06/2021
Prix TTC : 19,00€
EAN : 9782379241741
ISBN : 978-2-37924-174-1
Dimensions : 160x220 mm.
Nombre de pages : 224
Documents magazine illustré (1929-1931) est souvent connu comme la revue d’où Georges Bataille a fait surgir ses textes les plus insolents. Plus généralement, la diversité et la qualité des auteurs qui y interviennent font de ce magazine un terrain propice à l’expérimentation intellectuelle.
Documents représente ainsi un moment singulier, et souvent oublié, dans l’appréhension des objets sculptés et de la sculpture. Leur approche y est fortement marquée par la pensée du primitif, de l’origine et de l’évolution. La revue se situe en effet au cœur d’une période charnière où les productions plastiques des peuples dominés ainsi que les pièces découvertes par les archéologues et les ethnographes attirent l’attention toujours plus grande des collectionneurs et des musées, tandis que les notions d’infériorité et de supériorité des différents groupes humains continuent d’orienter la plupart des jugements.
Cependant la place du primitif dans Documents ne s’inscrit pas dans une pensée uniforme : « primitif » peut y désigner une forme d’art admirée autant que les sociétés qui la génèrent, et l’idéologie qui s’exprime balance entre le racialisme et l’utopie humaniste. Les paradoxes et les contradictions de la revue témoignent sans doute de la nécessité, ressentie alors, d’un changement des codes et des valeurs engageant la hiérarchie des arts et artefacts. Le rapport de ces objets à l’histoire de l’art comme à l’étude des sociétés humaines nous interpelle encore. Les enjeux soulevés par la revue Documents, abordés ici à travers les textes mais aussi les images qui la constituent, méritent d’être relus à la lumière de la plus proche actualité.
La revue Documents reste pour beaucoup l’insolente revue de Georges Bataille. Relire l’ensemble des articles révèle une problématique négligée : l’écriture de l’objet sculpté. Comment cette écriture s’adosse à une idéologie, comment cette idéologie reconduit des concepts qui touchent à l’origine de l’humanité : archaïque, primitif, évolution… Ces concepts ont une connotation raciale évidente, mais tous les auteurs ne les emploient pas dans le même sens. Relire Documents aujourd’hui permet de réintégrer ce « magazine d’art » dans les divisions politiques de l’Europe. On y découvre aussi des ressemblances inattendues entre les langages de l’archéologie et de l’ethnologie, bien que celle-ci semble seule en mesure de se réinventer.