Le sujet de ce livre est un être mobile
Études sur la poésie française d'André Breton à Pierre Alferi
Un regard neuf sur la poésie surréaliste et contemporaine
Éditeur : Sorbonne université Presses
1ére édition
Collection : Lettres françaises
Thème : Lettres - linguistique
Sous la direction de : Murat Michel, Combe Dominique, Rabaté Dominique
Auteur(s) : Sheringham Michael
Langue :
Paru le 02/05/2024
Prix TTC : 21,00€
EAN : 9791023106343
ISBN : 979-10-231-0634-3
Dimensions : 159 x 239 mm.
Nombre de pages : 258
Un regard neuf sur la poésie surréaliste et contemporaine
André Breton, Robert Desnos, Philippe Jaccottet, Jacques Roubaud, autant de poètes dont les textes ont fasciné Michael Sheringham. Ce grand professeur, qui a terminé sa carrière à la chaire « Maréchal Foch » de littérature française à l’université d’Oxford, a donné de la poésie française du XXe et du XXIe siècles une lecture intime et d’une rare finesse.
Rassemblés pour la première fois dans un ouvrage, ses travaux sur la poésie donnent à voir un même objet en filigrane : la subjectivité, telle qu’elle prend forme au gré des désirs, de la vision, des lieux qu’elle investit. Car le sujet ne préexiste pas à l’écriture : il se montre à nous comme un « être mobile » qui s’invente dans la lettre du poème et dans son déroulement minutieusement examiné. Pour l’œuvre d’André Breton, pour Desnos et l’esprit du surréalisme, la leçon qui s’en dégage est éclatante. Elle projette un jour nouveau sur des poètes plus récents, comme Philippe Jaccottet, Jacques Réda ou Jacques Roubaud. Elle se reflète à distance et se réinvente dans les poèmes de Pierre Alferi, qu’habite le même souci et où règne une semblable liberté.
Ce livre reprend une série d’études consacrées à la poésie française, écrites et publiées au fil de trente années, depuis la fin des années 1980. Les réflexions que Michael Sheringham propose sur Breton et le surréalisme composent en substance un ensemble vraiment neuf et original, dont l’essentiel se trouve réuni dans le présent volume. Elles révèlent une démarche intellectuelle et un style de pensée.
L’auteur, dont la culture théorique était remarquable, se méfiait des approches qui tendent à réduire le mouvement multiforme que fut le surréalisme à quelques éléments de doctrine, et en déduisent qu’il ne fut pas cohérent avec lui-même. Presque toujours, sa réflexion part du commentaire des poèmes, c’est-à-dire de textes souvent décrétés illisibles, dont il fait ressortir la richesse de sens, la force vraiment révélatrice, nous donnant une admirable leçon de lecture.
La poésie pour Michael Sheringham était l’envers de la théorie, son visage ondoyant et divers. Les deux viennent converger dans une oeuvre originale, placée sous l’égide de Barthes et de Michel de Certeau, et qui rapproche la littérature de cette anthropologie de la vie ordinaire dont Marc Augé ou Annie Ernaux, chacun à leur manière, ont fait le sujet de leurs écrits. Mais cette vie ordinaire que la littérature éclaire, c’est aussi, c’est d’abord notre propre vie ; le livre, en mettant l’accent sur le fond indifférencié de nos existences, c’est-à-dire sur ce que le romanesque nie de toute sa puissance d’idéalisation, ne nous y enferme pas : il nous suggère, et c’est en cela que l’invention des écrivains est irremplaçable, bien des manières de nous l’approprier et d’y trouver une forme de liberté.
Michael Sheringham avait fait l’effort de repenser la littérature contemporaine en fonction de cette espèce de triade conceptuelle que constituent l’autobiographie, le quotidien et l’archive : un genre littéraire, une notion presque philosophique et un objet construit par la science de l’histoire. Sous ce regard, un paysage familier mais confus vient s’éclairer et se mettre en ordre.