Le cinéma des midinettes

Le cinéma en France après la Libération devient le loisir favori de la jeunesse populaire, et les magazines spécialisés, comme Cinémonde, le plus diffusé d’entre eux, proposent un courrier des lecteurs et lectrices qui, au-delà de sa fonction de fidélisation, construit au cours des années 1950 une communauté de fans cimentée par le goût des acteurs et actrices et l’amour des films comme leçons de vie. Cet ouvrage propose une exploration sur 20 ans de la rubrique hebdomadaire de Cinémonde, intitulée « Potinons », son évolution au cours de ces deux décennies, sa composition sociologique et genrée, le parcours de quelques « potineuses » et « potineurs », une analyse des préférences cinéphiliques des courriéristes, très majoritairement féminines, et la réception de quelques films français et hollywoodiens des années 1950 qui ont fait date pour ce public jeune et populaire, et enfin la rencontre avec la Nouvelle Vague au tournant des années 1960. Cette rubrique se révèle en particulier une source sans équivalent pour documenter des formes de cinéphilie féminine et leurs spécificités par rapport à la cinéphilie dominante, quasi exclusivement masculine à l’époque.

Cet ouvrage propose une exploration sur deux décennies des formes de cinéphilie populaire dans la France d’après-guerre, à travers la rubrique du courrier des lecteurs et lectrices du magazine le plus diffusé, Cinémonde. Composée d’extraits de lettres de fans majoritairement féminines, sur leurs acteurs et actrices et leurs films préférés, cette rubrique hebdomadaire est un forum où se discutent des goûts, des normes et des valeurs qui sont ceux d’une jeunesse en pleine mutation, qui fréquente assidûment les salles de cinéma et accueillera la Nouvelle Vague comme un cinéma « pour les jeunes ».