L’amiral de Grasse et l’Indépendance américaine
Tome I. Commander en opérations
Il est rare qu’en histoire on cherche à savoir comment cela marchait, ou pas. Ici, une exceptionnelle richesse de sources permet de répondre à cette interrogation si souvent dérangeante quant à l’état de nos connaissances. On voit, au temps de la voile, un chef à la mer dans l’exercice de ses fonctions, les chaînes de commandement, l’obéissance et ses limites, la cohésion d’une force, la capacité d’acquisition de nouveaux savoir-faire.
Éditeur : Sorbonne université Presses
1ére édition
Collection : Histoire maritime
Thème : Histoire - géographie - archéologie
Sous la direction de : Kowalski Jean-Marie
Langue : Français
Paru le 20/06/2023
Prix TTC : 32,00€
EAN : 9791023107036
Dimensions : 160 x 240 mm.
Nombre de pages : 480
L’histoire du commandement reste peu développée, alors même qu’il y a tant de biographies de chefs militaires et tant de récits de batailles. Comme souvent en histoire la question « comment faisait-on ? » reste sans réponse précise et les considérations générales sur la stratégie et la tactique tiennent lieu d’analyse. On ne voit pas le niveau intermédiaire qui est celui de la mise en œuvre des forces dans des opérations.
Des sources d’archives exceptionnelles, les journaux de campagne tenus par des officiers des navires de l’amiral de Grasse en 1781-1782 et déposés lors du conseil de guerre réuni pour déterminer les responsabilités dans la défaite des Saintes le 12 avril 1782, permettent de suivre avec précision ce qui fut la plus grosse projection de forces jamais tentée par la monarchie française. Elles sont ici croisées avec les log books, les journaux, de leurs adversaires, les bâtiments de la Royal Navy, battus à la Chesapeake, victorieux aux Saintes.
En dépit de sa défaite et de sa reddition aux Saintes, de Grasse a changé l’histoire du monde. Sa victoire devant l’entrée de la baie de la Chesapeake, le 5 septembre 1781, a permis le siège de Yorktown, cette place forte dont la reddition le 19 octobre suivant a rendu irréversible l’indépendance des Etats-Unis. Les effets s’en font sentir aujourd’hui encore.
La victoire navale de l’amiral de Grasse n’est pas un simple prologue maritime à une action qui se jouerait sous les seuls murs de Yorktown. Elle est le résultat d’une immense manœuvre stratégique à l’échelle de l’Atlantique Nord, puis d’un rendez-vous d’escadres et d’armées dans la baie de la Chesapeake, là où l’armée britannique de Lord Cornwallis peut être prise au piège, si toutefois on parvient à empêcher la Royal Navy de le soutenir ou de l’évacuer.
La bataille du 5 septembre 1781, décisive malgré son apparent inachèvement, n’est qu’un aspect d’une très vaste opération à l’échelle de toute la baie de la Chesapeake et des parages des caps de Virginie. Navires, équipages et troupes embarquées font preuve de la maîtrise qui est désormais la leur des savoir-faire acquis depuis leur départ de Brest six mois plus tôt. Les premiers, ils bloquent Yorktown puis facilitent l’arrivée sur zone des troupes de Washington et de Rochambeau venues de très loin au Nord.
Tout cela peut être suivi depuis le vaisseau-amiral du comte de Grasse, la Ville de Paris. Sorbonne Université et l’Ecole Navale ont uni leurs compétences pour restituer ce que fut l’’exercice du commandement par cet amiral, aux jours de victoire comme à celui de l’infortune finale. Quel fut son périmètre d’action ? Quelles étaient ses instructions ? De quels moyens disposait-il ? Comment ranger ses navires ? Comment transmettre ses ordres, y compris en plein combat ? Etait-il obéi ? Etait-il estimé de ses subordonnés ? Quel contrôle exerçait-il sur son armée navale ?
Autant de questions qui n’ont pas perdu leur pertinence aujourd’hui pour une autre marine que celle de la voile. Projeter des forces importantes au loin reste un défi redoutable, agir avec des alliés aussi. L’approche par l’opérationnel naval le fait clairement comprendre.