La consistance des choses

Les répliques de biens de consommation que les artistes zurichois Peter Fischli et David Weiss se sont mis à exécuter dès 1991 oscillent entre une superficialité, dont Fredric Jameson a fait un trait définitoire du postmodernisme, et un épaississement matériel propre aux choses. Simples images d’artefacts dont on ne peut tirer aucun bénéfice, elles évoquent à la fois la lente fréquentation d’objets dans l’usage quotidien qui informe notre vie. S’attachant à examiner la place qu’elles occupent dans l’histoire de l’art contemporain et à décrire notamment la relation qu’elles entretiennent avec les productions artistiques, littéraires, théoriques des années 1960, ce livre est aussi bien une réflexion sur le temps, tel que les œuvres le construisent.

Les artistes suisses Peter Fischli et David Weiss, qui commencent à travailler ensemble à la fin des années 1970, comptent parmi les figures les plus marquantes de l’art des dernières décennies. Ce livre constitue une première étude approfondie de leurs œuvres. Il conjugue histoire et théorie de l’art. Le travail de Fischli et Weiss y est mis en relation avec un large éventail d’artistes contemporains et également avec les productions littéraires et théoriques des années 1960. Cette monographie fait une large part à l’interdisciplinarité et se tourne notamment du côté de l’anthropologie. Elle se construit aussi à partir de nombreux entretiens que l’auteure a menés avec Peter Fischli en allemand et dont de larges extraits sont traduits en français et abondamment commentés.