Être vieux dans le monde grec
De Solon à Philopœmen. VIe-IIe s. avant notre ère
Cet ouvrage s’attache à réparer une lacune historique en s’intéressant au vieil âge des Grecs. Nos sources sur la question sont dispersées et certainement réduites mais elles offrent des éclairages sur des destins personnels comme sur la position sociale d’une génération. Son ambition est de dépasser les constructions littéraires de la “triste vieillesse”, de sortir les vieux de leur état d’apesanteur historique pour les ancrer dans des familles, des milieux socio-économiques, en prêtant attention aux écarts entre les genres et entre des individus marqués par des états différents. Il examine les activités publiques ou privées, les fonctions qu’occupent les ainés et montre que ce sont des acteurs sociaux qui ne comptent pas pour rien.
Éditeur : Ausonius éditions
1ére édition
Collection : Scripta Antiqua
Thème : Histoire - géographie - archéologie
Auteur(s) : Bernard Nadine
Langue : Français
Paru le 25/07/2023
Prix TTC : 25,00€
EAN : 9782356135643
Dimensions : 170x240 mm.
Nombre de pages : 440
Dans le monde grec, les vieux ne forment pas une catégorie sociale déterminée, ni même une catégorie d’âge formelle : il n’y pas de basculement générationnel à un âge donné, applicable à l’ensemble d’une cohorte démographique, ouvrant sur une nouvelle étape de la vie. Les vieux ne forment pas non plus un groupe de référence tant les univers sont segmentés et les parcours en fin de vie divergents. Qu’est-ce donc qu’être vieux en Grèce entre les vie et iie siècles ?
Pour apporter une réponse, force est d’adopter une pluralité de points de vue en analysant des sources variées, en considérant des individus issus des différents milieux socio-économiques, en prêtant attention aux écarts entre les sexes. À échelle des maisons, les conditions matérielles qui s’imposent aux vieillards amènent à l’aisance ou au besoin ; l’existence ou l’absence de relations familiales, horizontales et verticales, sont synonymes de protection ou d’isolement. Le vieil âge fonctionne à cet égard comme un miroir grossissant des inégalités, portées à l’extrême. À échelle des collectivités, les niveaux et les formes de l’engagement des aînés dans le domaine public, leurs contributions dans la vie politique, militaire ou religieuse des cités sont tout aussi diverses : ce sont là des domaines où jouent le milieu et le genre, fortement discriminants en termes de reconnaissance et d’utilité sociale. Ainsi, il n’y a pas, dans le monde grec, de vieillard “témoin” ou “moyen” car chaque espace de sociabilité constitue un lieu de construction du vieux ou de la vieille.
“Être vieux”, c’est une expérience à la fois singulière et collective qu’il faut restituer dans chaque contexte historique. Tout l’enjeu du sujet est de rendre justice à l’ensemble du spectre social, de faire apparaître l’hétérogénéité des états, des comportements, des fonctions, des lieux assignés, des relations aux proches ou aux pairs.
In the Greek world, the elderly do not form a determined social category, nor even a formal age category: there is no generational shift at a given age, applicable to the whole of a demographic cohort, leading to a new stage of life. The elderly do not form a reference group either, as the universes are segmented and the end-of-life pathways diverge. What is it to be old in Greece between the 6th and 2nd centuries?
To provide an answer, it is necessary to adopt a plurality of points of view by analyzing various sources, by considering individuals from different socio-economic backgrounds, by paying attention to gender gaps. At the domestic level, the material conditions imposed on the elderly lead to comfort or need; the existence or absence of family relationships, horizontal and vertical, are synonymous with protection or isolation. Old age functions in this respect as a magnifying mirror of inequalities, taken to the extreme. At the community level, the ranks and forms of involvement of seniors in the public domain, their contributions to the political, military or religious life of the cities are just as diverse: these are areas where background and gender come into play, highly discriminating in terms of recognition and social utility. Thus, in the Greek world, there is no “average” elderly person, nor they have a “testimonial” role, because each space of sociability constitutes a place of construction of the old man or woman.
“Being old” is both a singular and collective experience that must be understood in each historical context. The issue is to do justice to the entire social spectrum, to bring out the heterogeneity of conditions, behaviors, functions, assigned places, and relationships with relatives or peers.