Écrire, initier et transmettre
Identité locale et tradition confrérique dans la Ḥāfiẓiyya Ḫalwatiyya, une confrérie soufie de Moyenne-Égypte (XIXe et XXe siècles)
La Ḥāfiẓiyya est une confrérie égyptienne fondée en Moyenne Égypte au XIXe siècle. L’ouvrage cherche à comprendre comment s’articulent l’identité locale avec une tradition confrérique pluriséculaire.
Éditeur : Institut français d’archéologie orientale
1ére édition
Collection : Recherches d’archéologie, de philologie et d’histoire – RAPH, 45
Thème : Histoire - géographie - archéologie
Auteur(s) : Soler Renaud
Langue : Français
Paru le 12/08/2021
Prix TTC : 32,00€
EAN : 9782724707823
ISBN : 978-2-72470-782-3
Dimensions : 160x240 mm.
Nombre de pages : 384
La Ḥāfiẓiyya est une confrérie de taille modeste, installée dans le sud du gouvernorat de Gizeh depuis le XIXe siècle. Elle revendique, par son fondateur supposé ʿAbd al-Ḥāfiẓ (m. 1303/1886), un lien avec la tradition confrérique de la Ḫalwatiyya, aujourd’hui l’une des plus importantes d’Égypte, diffusée à partir du XVIIIe siècle, d’abord dans les milieux azhariens puis dans toute la Vallée du Nil. Cette petite confrérie joue un rôle local non négligeable. Elle contribue à l’organisation de la vie religieuse par ses pèlerinages et ses rassemblements. La famille du cheikh, par ailleurs, dirige toujours la confrérie et s’est intégrée au milieu des notables locaux grâce à son prestige religieux et son capital économique, au point d’exercer des fonctions politiques et d’arbitrage très importantes. Faire l’histoire de la Ḥāfiẓiyya conduit donc à évoquer l’histoire sociale des campagnes égyptiennes. On pourrait se demander aussi ce qui rattache pratiquement cette petite confrérie rurale à la tradition intellectuelle de la Ḫalwatiyya dont elle se réclame. Pour les mettre en évidence, il faut étudier la transmission de la tradition lettrée de la Ḫalwatiyya égyptienne depuis le XVIIIe siècle jusqu’au fondateur supposé de la confrérie, le cheikh azharien ʿAbd al-Ḥāfiẓ, puis à ses descendants, et de préciser les transformations et reformulations auxquelles elle fut soumise : c’est un manuel de soufisme, la Hidāyat al-rāġibīnfī al-sayr wa-l-sulūk ilā malik al-mulūk rabb al-ʿālamīn[La Bonne direction pour ceux qui désirent cheminer vers le Roi des rois Seigneur des mondes], qui assura la transmission de l’héritage de la tradition de la Ḫalwatiyya dans la confrérie, comme le montre l’étude des pratiques religieuses contemporaines, rendue possible par un travail de terrain auprès de la confrérie. La Ḥāfiẓiyya s’incarne dans une mémoire collective, dans des pratiques confrériques héritées de l’enseignement de ʿAbd al-Ḥāfiẓ et ses descendants, elles-mêmes articulées à la tradition de la Ḫalwatiyya ; dans une tradition écrite et une mémoire orale, enfin, dont les interactions comme les éléments de distinction révèlent le travail de la mémoire et la formation d’une identité originale. Le grand problème qui commande cette étude consiste à comprendre comment s’articulent l’identité locale d’une modeste confrérie de Moyenne Égypte avec une tradition confrérique pluriséculaire.
La Ḥāfiẓiyya est une confrérie issue de la tradition de la Ḫalwatiyya égyptienne, installée en Moyenne Égypte depuis le XIXe siècle. Elle fut fondée par les descendants du cheikh ʿAbd al-Ḥāfiẓ (m. 1303/1886) et continue à exister aujourd’hui. La famille joue depuis un rôle important dans la vie politique, sociale et religieuse des villages où elle est implantée, grâce au patrimoine symbolique et matériel accumulé depuis un siècle et incarné dans la confrérie familiale. La transmission des ouvrages du cheikh fondateur, à la fois par la lecture et l’initiation pratique, est au cœur du fonctionnement de la confrérie.