
Anthropologie de l’accouchement à domicile
Les mères, les matrones et les sages-hommes traditionnels d'Haïti prennent la parole
En Haïti, la rencontre épistémologique entre l’obstétrique traditionnelle et l’obstétrique moderne contribuera, à n’en pas douter, à la réhumanisation de l’accouchement en général et à la démédicalisation de celui-ci lorsqu’il n’y a pas de complications, en particulier. Le bonheur des parturientes n’est pas lié à leur inféodation aveugle à l’ordre techno-médical dominant, mais à l’articulation des aspects rituels et matériels de leur accouchement.
Éditeur : Presses universitaires des Antilles
1ére édition
Collection : Espace, territoires et sociétés
Thème : Sciences humaines et sociales
Auteur(s) : Damus Obrillant
Langue : Français
10 illustration(s) couleur
Paru le 02/12/2021
Prix TTC : 18,00€
EAN : 9791095177173
ISBN : 979-10-95177-17-3
Dimensions : 155X235 mm.
Nombre de pages : 165
En Haïti, la transition d’une pratique obstétricale traditionnelle prétendument dangereuse à l’industrialisation toute-puissante du phénomène de la naissance n’est pas souhaitable, d’après les témoignages que nous avons collectés auprès des mères et des matrones. Une collaboration durable entre ces dernières et le système sanitaire national est indispensable si l’on veut réduire le taux de mortalité maternelle et les césariennes inutiles (versus césariennes en urgence).
L’accouchement à domicile est un événement biologique et social qui fait appel à la solidarité entre femmes dans les communautés rurales haïtiennes technomédicalement démunies. Les naissances difficiles sont traversées de conceptions nomologico-causales et de conceptions exocausales. Dans le premier cas, elles sont perçues comme des phénomènes procédant de lois naturelles et relevant de ce fait des compétences des matrones (mais rien n’empêche un homme de réaliser un accouchement dont le « blocage » est dû à la lenteur de la nature). Dans le second cas, elles sont considérées comme des phénomènes bloqués par une personne malveillante, un lwa ou un mauvais esprit obligeant les matrones et les proches de la parturiente à céder tout ou partie du terrain de l’accouchement à des hommes appelés houngans exerçant occasionnellement le métier de sajès ou fanm chay gason (sages-hommes traditionnels), à des médecins-feuilles qui s’y connaissent un peu en vodou, ou à des mambos. En Haïti, la transition d’une pratique obstétricale traditionnelle prétendument dangereuse à l’industrialisation toute-puissante du phénomène de la naissance n’est pas souhaitable, d’après les témoignages que nous avons collectés auprès des mères et des matrones.