Un camp d’internement en Lozère. Rieucros, 1938-1942
Destiné aux étrangers dont la France ne voulait pas, camp d’internement sexué, Rieucros a finalement participé à la politique éliminatrice de l’État français. Un cas spécifique qui en dit aussi beaucoup sur la France sous l’Occupation.
Éditeur : Presses universitaires du Midi
1ére édition
Collection : Tempus
Thème : Histoire - géographie - archéologie
Auteur(s) : Descolonges Michèle
Langue :
9 illustration(s) N&B
19 illustration(s) couleur
Paru le 09/02/2022
Prix TTC : 25,00€
EAN : 9782810707645
ISBN : 978-2-8107-0764-5
Dimensions : 160x240 mm.
Nombre de pages : 350
Alexandre Grothendieck et Hanka, sa mère, Michel del Castillo et Isabel, sa mère, Rosi Wolfstein, Steffie Spira, Teresa Noce, Salomon et Sébastien Wisner, Esperanza Sanchez et ses enfants, Marguerite et Pierrette Gargallo, Mathilde Péri… ont été internés à Rieucros, sur les flancs d’un Causse lozérien.
À partir de février 1939, durant trois années, une centaine d’hommes, vétérans de la guerre d’Espagne, escrocs et pauvres hères, puis après la déclaration de la guerre un millier de femmes, venues de toute l’Europe, militantes politiques, rebelles, bohêmes, « immigrées du travail », et une centaine de leurs enfants, y ont coexisté, ainsi que, finalement, des Françaises.
Hommes puis femmes ont été conduits à Rieucros par mesure administrative, c’est-à-dire de manière arbitraire, en raison de leur dangerosité supposée. Dans ce camp « répressif », les personnes juives ont été minoritaires, mais l’antisémitisme s’y est manifesté, comme partout en France, avant même l’été 1939.
Tandis que les protagonistes lozériens et les membres de l’Administration ont joué un rôle essentiel dans les évolutions du camp et les destins des personnes internées, le champ de l’internement administratif s’est élargi jusqu’à participer à la politique éliminatrice de Vichy.
Les intrications de la société locale avec le camp ont été permanentes. Cette société lozérienne a d’abord exprimé ses peurs du « prolétaire déchristianisé », une tolérance et une aide, puis un rejet moral des femmes, au fur et à mesure de son propre travail d’adaptation à la « drôle de guerre » puis au régime de Vichy.
Fruit d’une recherche de plusieurs années, conduite dans les archives locales, nationales et internationales, cet ouvrage laisse la place à de larges extraits de témoignages écrits en neuf langues et présente des incises biographiques. Il montre le caractère punitif sexué de Rieucros, et comment une politisation du quotidien, organisatrice de solidarités, a manifesté des refus de l’arbitraire.
Premier camp d’internement résultant du décret-loi du 12 novembre 1938, Rieucros a d’abord été destiné aux étrangers dont la France ne voulait pas. Un millier de femmes et leurs enfants leur ont succédé dans ce camp punitif sexué, étrangères juives ou non, puis des Françaises pour des motifs politiques ou de mœurs.
Comme le montrent un travail d’archives considérable et le recours à des témoignages, les protagonistes lozériens et les membres de l’administration ont joué un rôle essentiel dans les évolutions du camp et les destins des personnes, tandis que l’internement administratif s’est élargi jusqu’à participer à la politique éliminatrice de l’État français.