Les Diplomates de la République

Pour défendre les intérêts de la France à l’étranger, la III^e République peut compter sur un corps diplomatique en partie renouvelé et stimulé par l’ardeur patriotique des lendemains de la défaite de Sedan. Son ouverture à de nouveaux cercles, la moindre part de l’hérédité et de l’endogamie, l’introduction de procédures de sélection davantage conformes au modèle méritocratique montrent un corps traversé par des évolutions similaires à celles de la haute administration de fin du xix^e siècle. Ralliés aux institutions nouvelles, les diplomates se sont prêtés aux termes d’un compromis acceptable avec la République qui repose sur des mécanismes d’intégration et sur un consensus quant aux objectifs de la politique extérieure. Ils ont posé les jalons d’une diplomatie plus moderne tout en ayant le sentiment d’assister au crépuscule de la diplomatie du Concert, à laquelle s’identifiait toute une conception de l’ordre européen et du système international avant 1914.

Cette étude sociographique s’inscrit dans les grandes traditions de l’histoire sociale et de l’histoire culturelle. Issue d’un travail de thèse, elle retrace nombre des parcours des diplomates qui sont ici reconstitués (de l’origine sociale des familles aux stratégies professionnelles et de mariage, des modes de vie aux patrimoines et aux grandes étapes de la Carrière) et convoqués nominativement pour esquisser au final un portrait de groupe, à l’aube de la Belle Époque et à la veille de la Grande Guerre. En tradition et modernité, ces diplomates vont innover et renouveler profondément l’approche ancienne de la diplomatie du concert, ouvrant la voie, par de nouvelles formes d’action et de sociabilité, à notre diplomatie contemporaine. Ce portait vient nourrir un champ de recherche encore peu développé pour cette époque précise.