Le Grifonage, ou festin, jeux et récréations de la montagne du Grifon en Brie

Faire la fête entre gens de bonne compagnie, au XVIIe siècle, impliquait combiner bonne chère, divertissements et festins poétiques (chansons improvisées et récitations d’idylles célèbres, de Saint-Amant et de G. Habert), dans un cadre paysager agréable et une mise en scène raffinée, en cadeau à une belle qu’il s’agit de séduire… et tant pis si elle n’est pas venue : on lui en fera le récit, à plusieurs, dans l’atmosphère joyeuse d’un cabaret – façon d’en faire une nouvelle fête, en vers burlesques autant qu’en style galant. Car Le Grifonage (1645) n’évoque pas seulement une de ces fêtes, dans un cadre agreste réel (le Mont Griffon, dominant la ville d’Yerres), qui divertissaient les riches Parisiens en villégiature dans leurs maisons de campagne de la Brie ; il en décrit aussi les préparatifs, et les à-côtés réalistes et amusants. Quelques autres textes du temps, signés d’auteurs connus (Sorel, Voiture, Madeleine de Scudéry, La Fontaine), constituant en quelque sorte la littérature en lieu de l’archive mondaine, permettent de compléter cette représentation de fêtes sociales privées annonciatrices des grandes fêtes de Louis XIV.

Claudine Nédelec, professeur émérite à l’université d’Artois, est spécialiste des écritures comiques et galantes au XVIIe siècle. Elle a notamment publié Les États et empires du burlesque (Champion, 2004), La Galanterie des anciens (Littératures classiques, 2012).

Texte rare et anonyme, Le Grifonage (1645), accompagné de quelques textes qui lui font écho, raconte en vers, burlesques et galants, une fête mondaine, ses préparatifs et ses péripéties ; la littérature permet ainsi d’imaginer les loisirs campagnards des riches Parisiens. Le principe de reproduction de l’édition originale adoptée, ainsi que l’ajout d’une annotation spécifique, permettent de se distinguer des éditions modernes des récits de fête. Les textes présentés et annotés, ici, soulignent les variations de niveau de langue ainsi que les nombreuses « fabrications » de mots.