
Décoloniser les Antilles?
Une histoire de l'État postcolonial (1946-1982)
Premier livre d’histoire sur les rapports de la France métropolitaine et des Antilles. Il est fondé sur l’exploitation d’archives inédites et d’entretiens avec les protagonistes (ministres, hauts fonctionnaires, indépendantistes, etc.).
Éditeur : Sorbonne Université Presses
1ére édition
Collection : Mondes contemporains
Thème : Histoire - géographie - archéologie
Auteur(s) : Mary Sylvain
Langue : Français
3 illustration(s) N&B
6 illustration(s) couleur
Paru le 02/12/2021
Prix TTC : 28,00€
EAN : 9791023107081
ISBN : 979-10-231-0708-1
Dimensions : 160x240 mm.
Nombre de pages : 450
Ce livre traite du processus inédit de décolonisation par l’accession au statut de département d’Outre-mer (DOM) des Antilles françaises. Il se fonde sur des archives inédites et des entretiens avec des acteurs de cette histoire. Son originalité essentielle tient au fait qu’il privilégie une approche globale et synthétique, situant la « question antillaise » à l’échelle mondiale (guerre froide) et de la décolonisation de l’empire colonial français, analysant par exemple l’impact de la guerre d’Algérie et des indépendances africaines etc.
En mars 1946, les vieilles colonies des Antilles deviennent des départements français, en écho à des revendications exprimées depuis l’abolition de l’esclavage de 1848. Cette forme singulière de sortie d’empire, trouvant à l’origine son plus illustre défenseur en la personne du député-poète Aimé Césaire, n’est pourtant pas synonyme de fin de l’histoire pour ces îles de la Caraïbe qui comptent parmi les plus anciennes terres de colonisation française outre-mer.
Elle inaugure, au contraire, un cycle de conflictualité inédit, puisant ses racines dans les ambigüités d’une politique assimilationniste qui se déploie à contre-courant des évolutions à l’œuvre dans le reste du monde colonial. Dans une région essentielle à la sécurité du « monde libre », au voisinage de Cuba, la question de la poursuite ou du rejet de cette politique, au bénéfice de l’autonomie ou de l’indépendance, s’impose comme un enjeu de la « guerre froide globale ». Porteurs de visions du monde diamétralement opposées, partisans de l’assimilation et adversaires anticolonialistes du statut de département voient, chacun à leur manière, dans cette alternative les termes d’une véritable décolonisation des Antilles.
Ce livre s’attache à étudier la transition de la colonie au département à la lumière d’une histoire de l’État. Il échappe au piège de la téléologie et dévoile une histoire plus tourmentée que le fort ancrage politique de ces îles à la France ne le laisse paraître aujourd’hui. Si la « départementalisation » des Antilles a triomphé du vent contraire des indépendances, son histoire ne s’apparente pourtant pas à un parcours linéaire retraçant la rencontre entre un État républicain, qui aurait fait fructifier l’héritage abolitionniste de 1848, et une population prédisposée à l’assimilation du fait de sa culture politique. Par de nombreux aspects, cette histoire produit un récit plus fluctuant qui dérange, tant les questions qu’elle pose suscitent d’évidentes difficultés de réponse.